Geneviève Lebouteux

Lettre de Cyril depuis la prison

Cyril a été mis en prison après un affrontement avec les gardes mobiles à Notre Dame des Landes (voir article précédent).  Dominique et Cyril s’écrivent régulièrement. Dominique nous partage la lettre de Cyril du 12 mars.

Cher Dominique

Je suis content d’avoir de tes nouvelles ; cela me fait très plaisir. Ici je ne lâche rien. La décision de justice a encore choisi de ne pas respecter mes droits en tant que prisonnier ( je te joins ma lettre envoyée au directeur de la prison)… [ en fait, elle n’ est pas dans l’enveloppe!!!]. Car selon la loi, je dois sortir le 25 mars grâce à mes remises de peines qui me sont dues ; mais le système est tellement bien fait qu’il me rende la réponse que le 3 avril. Par un tour de passe-passe juridique, ma peine se prolonge au minimum de 9 jours avec peut-être rien à la clef pour mon interdiction (de séjour) dans ma région natale le Loire atlantique. Je suis outré et particulièrement déçu de ce système instrumentalisé par notre gouvernement. Mais bon ! plus rien ne m’étonne. Par cette décision il ne font que renforcer mes convictions et mon opposition. Ils nous parlent de règle, de lois, qu’ils ne respectent même pas. (Je te joins un texte que je vais afficher à la vue de tous les détenus) [en fait je n’ai pas non plus ce texte]. Je serai sûrement sanctionné de cette vérité mais peu m’importe, nos droits doivent être respectés. Comme tu peux le constater je ne perds pas ma motivation et pense aussi très fort à vous. J’ai la certitude que notre cause donnera bientôt naissance à nouveau monde équitable et juste pour tous. Car nous luttons avec le cœur et non le profit. La Terre-Mère ne peut être sacrifiée davantage au nom du grand capitalisme mondial ; ce n’est pas leur projet qui nourriront mes enfants, nos enfants mais bien la terre nourricière cultivée avec amour, passion et respect pour tous ceux qui savent cette vérité ; sans elle nous mourront, avec elle nous vivront. J’aime la vie, la Terre-Mère et compte bien aussi à mon tour transmettre cela à mes enfants. Faut-il encore qu’il nous reste un bout de terre ; car rien ne pousse sur le béton. Notre lutte commune évolue vers la convergence de toutes ces luttes qui touchent le peuple et son environnement. Sa victoire est dans l’unité et le respect de nos frères et sœurs vivants et s’épanouissant, grâce à notre Mère à tous : la Terre ; sa tâche n’est pas facile, elle est dure et ça, depuis de longues années . Elle est aidée par nos anciens qui nous ont souvent ouvert les yeux sur la gravité de notre monde et qui se sont opposés face à tous ces monstres assoiffés de pouvoir et d’argent. Je leur dit : « merci et Bravo ». Nous, nouvelles et futures générations, seront à la hauteur de l’éveil que vous nous avez permis d’avoir et ensemble unis nous vaincrons contre cette tyrannie. Le peuple doit se réveiller et faire les bons choix pour l’avenir de tous. Il faut dépasser ces peurs crées par notre gouvernement pour mieux nous contrôler en nous oppressant de toute part. Si nous ne réagissons pas très vite et solidairement, cela entraînera le sacrifice des générations futures et cela est intolérable. Ils ne peuvent tous nous condamner. L’opposition et la résistance sont encrée dans nos gènes. Il ne faut pas laisser se reproduire les erreurs du passé : dénonciation, individualisme, pouvoir suprême, condamnation, oppression etc. Il est trop facile de dire que nous ne sommes pas concernés ou pas au courant voir même forcés ou obligés…Nous sommes libres de nos décisions et de nos actes. Que dirions nous si nos anciens qui ont vécus les guerres mondiales, ne s’étaient pas opposés au prix de leur vie et de nombreuses souffrances qui ne se cicatriseront jamais ; il est trop simple de faire l’aveugle , cela nous a amené vers des extrêmes quasi irréversibles que nous ne voulons plus.

Je te remercie, Dominique, de ton soutien en ce moment ; le centre pénitentiaire cherche à me pousser à bout mais je tiens le coup malgré les pressions mentales qu’il exerce sur moi. L’ordre leur est sûrement donné par nos soit-disant dirigeants ; ils n’ont pas le respect de l’humain. Je suis détenu en cage, ce n’est pas une raison pour me traiter comme un animal que l’on torture. Je ne suis pas écouté, je suis bâillonné ; l’oubli et l’ignorance de leur part est une oppression quotidienne. Leur erreurs sont pardonnées et les nôtres, crées par eux, sont modulées pour me pousser à bout et pouvoir me garder dans leurs ténèbres. Plus ma libération approche et plus leurs embûches s’écrasent sur moi pour que je fasse, ne serait-ce qu’une petite erreur, qu’ils transformeront à leur guise. Il n’y a pas de justice, tout n’est que mirage et j’en suis le prisonnier. Je suis déterminé et je lutterai jusqu’au bout pour ma liberté et le respect de mes droits. Je compte sur toi et sur vous pour me soutenir. Ici je fais mon maximum mais reste très peu écouté. Notre solidarité est une force, la manifestation est une de nos armes pacifiques. Que cette injustice raisonne une fois de plus devant les grilles de l’injustice. J’espère pouvoir te réécrire ; si ce n’est le cas c’est qu’une fois de plus, mes droits ne sont pas respectés et que mes courriers sont censurés.

Merci pour tout Dominique, prends soin de toi. Force et courage ;

Fraternellement . Cyril . Résistance.