Pouvoir et sexualité

En 2011, au moment du scandale provoqué par Dominique Strauss Kahn au Sofitel de New York, une amie psychiatre m’avait dit : « ce sont les mêmes hormones qui interviennent dans le pouvoir et la sexualité« . Depuis, j’y repense à chaque fois qu’une affaire de ce genre éclate… Et c’est souvent : Denis Baupain, Harvey Weinstein, Roman Polanski, toutes les affaires révélées par le mouvement Metoo… Et jusqu’à cette récente « affaire » Griveaux ! A chaque fois, je m’étonne de n’entendre aucun commentaire analysant les événements avec la grille de lecture de mon amie…

Cette fois, j’ai cherché à en savoir plus sur son affirmation et j’ai trouvé un article de Michel Cymes et des études qui confirment tout à fait son propos. C’est la testostérone qui est en jeu. Une étude américaine démontre que plus on a de testostérone, plus on a le goût du pouvoir et que symétriquement, plus on exerce du pouvoir, plus la testostérone augmente (y compris d’ailleurs pour les femmes, dont le taux est toutefois dix fois moindre que celui des hommes).

Une étude de l’Université de Lausanne ajoute que le risque de corruption est plus élevé pour les dirigeants dont le taux de testostérone est important. Elle conclut aussi que  » plus le pouvoir augmente – c’est-à-dire le nombre de personnes soumises aux décisions du leader ou les choix décisionnels à la disposition du leader – plus le leader est influencé par son propre intérêt, aux dépens des personnes dont il était responsable. Même ceux qui avaient une attitude honnête et socialement acceptable au moment de leur accession au poste de leader changent assez facilement de perspectives morales une fois qu’ils ont goûté au pouvoir. »

Ces faits s’expliquent sans doute par notre évolution où la testostérone a dû jouer un grand rôle dans la compétition et la sélection. Le problème est que cela n’est plus adapté à la vie d’aujourd’hui où c’est la coopération et le souci de l’autre qu’il faut développer. A ce propos, une étude de l’Université de Michigan montre que les relations de couples satisfaisantes sont bien plus fréquentes parmi ceux dont le taux de testostérone est bas… De là à en déduire qu’une société avec moins de « testostéronés » se porterait mieux… je l’imagine volontiers 🙂

Au niveau d’un groupe, d’une société, il est urgent de mettre en place des fonctionnements « garde-fous » pour contenir les risques liés à l’exercice du pouvoir : la sociocratie par exemple, le RIC (référendum d’initiative citoyenne), une nouvelle constitution écrite par des citoyens tirés au sort (voir mon article), etc. Et que ceux qui exercent du pouvoir (ou y aspirent) travaillent sur eux-mêmes pour ne pas être soumis à leurs pulsions !

Article présent dans la rubrique Ce qui me tarabuste, Comment on en est arrivé là, Démocratie en question.
 
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2 commentaires

  1. Geneviève :

    A propos de la nécessité d’une nouvelle constitution écrite par des citoyens tirés au sort, cette d’analyse publiée aujourd’hui par Ana Sailland sur Facebook :

    La constitution en vigueur n’est pas d’écriture plébéienne, elle a été écrite par une « élite ».
    Elle a été écrite il y a fort longtemps, pour répondre à un risque de Putsch, à l’époque de la guerre d’Algérie.
    C’est pourquoi elle conférait à un homme unique, réputé valeureux, des pouvoirs dont il sut ne pas abuser, mais qui n’ont plus lieu d’être.

    Le maintien 62 ans plus tard de ces pouvoirs représente une épée de Damoclès au dessus du peuple de France.
    En effet, rien dans ce texte ne garantissait que les successeurs de Charles de Gaulle sauraient comme lui interroger le peuple, se soumettre à sa volonté, donc si nécessaire partir.
    Ce texte autorise potentiellement une minorité élue grâce au soutien de la finance et de l’empire médiatique à émettre des diktats auxquels le grand nombre ne peut légalement se soustraire. Cette minorité n’a pas besoin d’instituer une dictature : elle en dispose, de fait, en s’abritant derrière cette constitution, dite de 1958.
    La dictature, c’est quand le petit nombre émet ou peut émettre des diktats auxquels le grand nombre ne peut se soustraire.

    C’était à prendre ou à laisser, il n’y avait pas d’alternative.
    Cette constitution a été adoptée suite à un référendum « à l’initiative du Prince ».
    Or, présentement, en 2020, les gens qui ont plébiscité ce texte ont au minimum 83 ans, ou bien sont morts. Peu survivent.
    Ce n’est pas aux morts de voter pour les vivants, pourrait on dire …
    Les jeunes n’ont pas à se soumettre à la décision de se soumettre, prise par leurs ancêtres.

    La constitution de 1958 a parfois été remaniée, mais jamais sur proposition du peuple, qui ne dispose pas du pouvoir de proposer, ni de celui de s’interroger lui-même.
    Elle a toujours été remaniée par les gens au pouvoir, sans consultation populaire, sauf une fois, mais « à l’initiative du Prince ».
    Les gens au pouvoir, qui aiment leur position, pardi, sont en conflit d’intérêt lorsqu’ils écrivent ou remanient la constitution.
    Ce n’est pas aux gens de pouvoir d’écrire les règles du pouvoir.

    Le dernier jour du mois de février de l’an 2020, le premier ministre a annoncé son intention, qui est aussi celle du Président, de s’appuyer sur ce texte aliénant pour faire passer en force une loi plus qu’impopulaire.

    Cette annonce est légale mais pour toutes sortes de raisons, historiques et de bon sens, elle n’est pas légitime.

    Le peuple de France peut s’y opposer avec vigueur, voire illégalement, mais en toute légitimité, c’est certain.

    Il doit le faire, et se libérer du joug.
    Point n’est besoin de guillotine.
    Se libérer signifie renier le texte de 1958.
    Et s’en offrir un autre, d’écriture plébéienne.

    Qu’on se le dise.

    Le 1 mars 2020
  2. dominique :

    mon commentaire est dans ce lien pour ceux qui veulent prendre le temps de l’écouter https://www.youtube.com/watch?v=Xp2xG98gWqU

    Le 6 mars 2020

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