Sommes-nous si cons ?
J’ai adressé récemment un message à un grand nombre de personnes, certaines que je connaissais bien, d’autres moins bien, pour les inciter à demander un référendum sur le sujet de la privatisation d’Aéroports de Paris (dans le cadre de la procédure « Référendum d’Initiative Partagée » engagée actuellement, voir mon précédent article ).
J’ai été sidérée de recevoir de la part d’une personne que je connais peu mais dont jusqu’à présent j’estimais les points de vue, le message suivant (extrait) : « La démocratie, c’est la dictature des crétins, et tout ce qui peut être privatisé doit l’être : l’Etat est l’ennemi public n°1, incapable de gérer quoique ce soit, à force de carriérismes, de gabegies, d’idéologies toutes plus débiles les unes que les autres. Le référendum d’initiative populaire (comme toute forme de référendum), c’est l’anti-démocratie ; c’est permettre à quelques lobbies idéologiques de manipuler éhontément (ce que vous faites par le présent courriel) l’ignorance et l’inintelligence des masses ; c’est demander leur avis direct et décisionnaire à 85% de crétins qui ne comprennent rien à la réalité du monde réel et qui ne demandent qu’une seule chose : « panem et circenses ». La démocratie directe ne fonctionne qu’à l’échelle locale, pour des problèmes locaux à impacts à court terme (cf la Suisse). » Déjà, je peux rétorquer qu’en Suisse les référendums d’initiative citoyenne ne concernent pas que les questions locales, on se souvient par exemple de celui sur le Revenu de base qui a eu le mérite de faire connaître largement le concept dans le pays. Mais ce n’est bien sûr pas de cela qu’il s’agit…
Sommes-nous si cons ? Le « peuple » ne saurait-il prendre de bonnes décisions ?? J’ai eu pour ma part plusieurs expériences de travail et réflexions collectives qui nous ont « élevés » tous ensemble : par exemple, la lutte contre le projet d’aéroport à Notre Dame des Landes, les débats sur le Traité de Constitution Européenne en 2005…
Certes, beaucoup est fait pour que nous soyons ignorants et moutonniers, aisément manipulables. A ce sujet, je vous recommande vivement le documentaire « La fabrique du consentement » diffusé sur Arte en septembre dernier. Dans nos pays dits démocratiques, les techniques de manipulation sont éprouvées, elles fonctionnent depuis longtemps. Elles servent à faire acheter des produits… ou à faire adhérer un peuple à une politique, voire à une guerre… Campagnes de propagande utilisant des personnalités de renom ou dans lesquelles on a confiance a priori (médecins, scientifiques…), s’adressant aux émotions, luttant et dénigrant ceux qui pensent autrement… C’est ainsi que la démocratie devient une mascarade : à mon avis, pas tant parce que nous serions intrinsèquement cons mais parce que ces manipulations existent et que nous ne nous en défendons pas suffisamment.
Et justement, il me semble que l’organisation de référendums et de commissions de citoyens tirés au sort, avec un temps suffisamment long pour s’informer et débattre, permet de nous réveiller, de nous former, de comprendre de quoi il s’agit et de prendre une position éclairée.
Dans le cadre d’une nouvelle constitution, vraiment nécessaire (voir mon article), tout devrait être fait pour favoriser la pluralité d’informations, l’indépendance des médias, les lieux et occasions pour se rencontrer et débattre, le contrôle de nos gouvernants.
Myret Zaki, journaliste économique suisse au franc parler, a réfléchi à la façon de combattre la fabrique du consentement :
Extraits : « La seule manière de battre la « fabrique du consentement », est de s’exposer constamment à une pluralité de vues, ne jamais se contenter d’une seule source. Une information d’une grande entreprise doit être contrecarrée par le point de vue des consommateurs, des employés, des ONG. Une information d’un gouvernement en campagne ou en guerre doit – évidemment – être contrecarrée par le point de vue des opposants internes, ou du pays ennemi, dont on devrait consulter les médias, non pas pour tout gober, mais pour se situer entre les deux argumentaires. »
[à propos d’une contre propagande :] « La plus belle propagande, en réalité, celle pour laquelle il est valable de se battre, est celle de l’intérêt public. Il s’agit de l’intérêt citoyen le plus large, l’intérêt commun à la nation, l’intérêt des électeurs, qui incluent des salariés, des consommateurs, des administrés, des épargnants, des assurés, des lecteurs, des téléspectateurs. »
Je rappelle en outre que l’effet Pygmalion existe : la personne qui est respectée, considérée comme capable de réflexion et de bon sens, aura tendance à le devenir de plus en plus. A contrario, celle qui est vue comme stupide et bornée, aura tendance à limiter ses capacités. Des tests ont été faits sur des enseignants : l’image qu’on leur avait donnée a priori sur leurs élèves et qu’ils avaient intégrée influençait le comportement de ces derniers, positivement comme négativement.
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Arff… Il y aura toujours des gens qui nous tirent vers le bas: l’ignorance et l’individualisme.
Mais… La lumière de la sagesse brille sur tous ceux qui y sont ouvert.
Ne pas perdre de temps avec ceux qui se couvrent le visage…
Il y en a tant d’autres qui ne demandent qu’à apprendre et avancer!
Salutations à ton engagement Geneviève,
Très bonne journée à tous!
Le mépris pour la majorité a toujours existé, allant de l’attitude de la noblesse à celle des hauts fonctionnaires. Ce mépris vient inévitablement de personnages qui gagnent beaucoup d’argent en ne faisant pas grand chose, et qui se trouvent confortablement isolés des problèmes de la nation. De nos jours, Le Monde, Libération, France Télévision et bfmtv sont leurs outils de propagande. Et ça marche ! 29% des Français sont prêts à voter Macron ou LREM aux prochaines élections. Mais en évitant à tout prix de « faire des vagues », on se prépare un raz-de-marée.