Geneviève Lebouteux

Libres de penser ?

Les commentaires de Dominique et Daniel sur mon dernier article m’invitent à écrire rapidement celui-ci. Être ou ne pas être… libres de penser ? Cette question philosophique a pris ces derniers temps une acuité particulière : les invectives, anathèmes, exclusions vont bon train en cette période où nous sommes tous « rincés », « brassés », « comme dans un tambour de machine à laver » comme l’écrivait une amie. On a vu fleurir une nouvelle injure, « complotiste », et des nouveaux gardiens de la pensée officielle, les « fact checkers » (ceux qui vérifient les faits), pour nous aider à penser comme il faut et à ne pas fréquenter des gens infréquentables.

Sur le sujet de la gestion calamiteuse et liberticide de l’épidémie de covid, sur le projet de grande réinitialisation transhumaniste qui se tient en embuscade, les rares personnalités politiques à avoir exprimé des points de vue proches du mien et de tant d’autres personnes sont de la droite traditionaliste : Philippe de Villiers (son dernier livre Le jour d’après) et Nicolas Dupont Aignan ; voire d’extrême droite : Florian Philippot (lettre commune avec aussi François Asselineau du 2 janvier à Olivier Véran, restée sans réponse). Est-ce que je devrais faire mine de l’ignorer parce qu’ils sont étiquetés d’une toute autre couleur politique que la mienne ? Non.

Récemment, un excellent documentaire de France 2, L’histoire secrète de la résistance (disponible en replay jusqu’au 3/7/21) m’a apporté un bel éclairage. Il présente la vie et l’engagement de quelques grandes figures de la Résistance, je découvre des personnes qui proviennent de milieux antagonistes : droite traditionaliste et extrême (Henry Frenay et Gilbert Renault), Parti communiste (George Beaufils) et des personnes sans idéologie politique, des réfractaires au STO, qui deviendront notamment les « maquisards ». Les différents réseaux animés par ces personnes travaillent dans le même but, libérer la France de l’occupation allemande et ils accepteront de se coordonner sous l’autorité de De Gaulle parce que la cause qu’ils servent est bien plus grande que leurs positionnements idéologiques. Cela produira certaines des plus belles pages de notre histoire de France, avec notamment le programme des « Jours heureux » issu du Conseil National de la Résistance. Nous bénéficions encore aujourd’hui des fruits de ce programme même s’ils sont mis à mal depuis deux ou trois décennies.

Il me semble que nous sommes entrés dans une période similaire, les enjeux sont tels qu’ils devraient transcender nos étiquettes politiques. Il est quand même question de bâtir le monde de demain ! Étant donné les dégâts démocratiques, économiques, sociaux, psychologiques, causés par la gestion de cette épidémie, il parait clair en effet qu’on ne reviendra pas au monde d’avant. Comme je l’écrivais récemment (ici et ici), deux projets de nouvelle société sont sur les rails : celui porté par les plus puissants, ce fameux « grand reset » du Forum économique mondial, et celui, très diffus pour l’instant mais néanmoins réel, porté par énormément de gens, d’une société beaucoup plus humaine et respectueuse du vivant. Valérie Bugault, docteur en droit et analyste de géopolitique juridique, parle d’un « grand reset citoyen » et elle travaille à des modalités concrètes d’organisation de la société depuis des années (son interview de mars 2021 est décapant).

J’écrivais au début de cet article que nous sommes « brassés » actuellement par tout ce qui se passe. Cette invitation à sortir de nos ornières de couleurs politiques pour considérer l’importance de ce qui se joue participe à ce grand « brassage » ! Et pour ceux qui ne seraient pas effrayés par quelques tours de plus du tambour de la machine à laver, je vous invite à regarder cet interview de la médium Patricia Daré, fille de résistant, racontant ses rencontres avec un ancien nazi. Il est question du pardon…