Pour Michel Tarin, disparu bien trop tôt, à 68 ans
Michel Tarin est décédé le 31 juillet 2015. Il était en traitement expérimental contre sa leucémie déclarée fin 2012. Il était pour moi un ami précieux, une lumière sur la route. Nous avons été très nombreux à lui rendre un dernier hommage ce 4 août à Treillières. Beaucoup de témoignages puissants. Nous en sommes peut-être plus forts et plus soudés… On continue !
Voici le mien.
Michel m’a beaucoup appris, comme il a surement beaucoup appris à tous ceux qui l’ont côtoyé : ses connaissances en aéronautique, bien sûr, qu’il savait partager et expliquer simplement ; et aussi toutes les connaissances qu’il avait engrangées et retenues avec une mémoire surprenante, sur les sujets qui lui tenaient à cœur… La lutte pour la sauvegarde des terres de Notre Dame des Landes bien sûr, un combat qui nous a conduits à découvrir et travailler toutes sortes de sujets, le soutien aux paysans en difficultés avec la création de l’association Une famille un toit, les luttes passées, notamment celle du Larzac où les paysans de Loire Atlantique ont joué un rôle important…
J’ai aussi appris auprès de Michel la richesse de la formation agricole des années 60-70 avec des compétences qui vont de la mécanique à la gestion, en passant par les soins vétérinaires et les cultures ; la richesse de ce qu’on peut appeler l’éducation populaire, acquise année après année, que ce soit par la Jac, le mouvement syndical, les coopératives. Une éducation où l’on apprend en marchant, où l’on apprend aussi beaucoup les uns des autres.
Dans la commission « aéroport » de Solidarités écologie, nous avons vécu une aventure surprenante d’un travail en commun sérieux et fructueux, de longue haleine, avec des personnes de formation et d’horizons bien différents : Michel agriculteur et pilote amateur, Jean Paul métallurgiste puis éleveur, Christian et Pierre ingénieurs, Henri conducteur de travaux puis formateur, Gilbert enseignant et moi statisticienne et rédactrice. Cette aventure surprenante s’est diffusée dans la coordination Notre Dame des Landes où nous sommes bien plus nombreux et travaillons efficacement, ensemble, riches de nos compétences différentes. Cette magie du travail collaboratif s’est encore reproduite récemment avec l’Atelier citoyen sur le réaménagement de Nantes Atlantique.
Si Michel nous a beaucoup appris, il a aussi beaucoup appris de tous ceux qu’il a rencontrés. Sa grande écoute, son humilité et son envie de découvrir et de comprendre lui ont donné une grande qualité d’ouverture. Depuis le début de sa leucémie, le fait qu’il ne puisse plus rencontrer les autres comme avant, lui était particulièrement douloureux. Il m’avait dit que c’était ça qu’il trouvait le plus dur dans sa maladie.
Marie Chiron, Françoise Verchère, Robert Chiron (†), Gilles Denigot et Michel Tarin (†), quelques mois après leur grève de la faim de 2012
La vie de Michel nous montre qu’on ne se construit pas sans les autres, que nous sommes tous le fruit de subtiles dosages entre ce que les autres nous apportent et ce que nous apportons. Et donc j’aimerais vous dire, nous dire, que la beauté de la personne de Michel est aussi un peu notre beauté, que son courage est aussi un peu le nôtre. C’est important d’en avoir conscience car nous avons encore des chantiers devant nous, celui d’arrêter le projet de Notre Dame des Landes, bien sûr, mais aussi beaucoup d’autres.
Je voudrais aussi remercier infiniment Michel pour la vie qu’il a vécue et ce qu’elle a apporté de positif à tant de personnes. Je voudrais aussi vous remercier vous tous, et plus particulièrement Jeanne, les enfants et petits enfants, d’avoir contribué à faire de la vie de Michel ce qu’elle était, une belle et bonne vie. Une vie qui lui a donné son attitude sereine face à la mort.
Et l’hommage du groupe des élus EELV au Conseil régional
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