Se positionner
Quand j’ai téléphoné à l’Ehpad, demandant un rendez-vous pour aller rendre visite à mon ami Jean-Loup, malade « Alzheimer », mon interlocuteur m’a prévenue :
– Vous ne le verrez peut-être pas, il refusera peut-être de descendre de sa chambre pour vous rencontrer. C’est ce qui s’est passé la semaine dernière quand sa fille est venue lui rendre visite.
– Il n’y a pas eu moyen ?
– Non, une infirmière a pris sa fille en photo et est allée dans sa chambre la lui montrer, il a persisté, il a refusé de descendre.
– Et sa fille n’a pas pu aller le voir dans sa chambre ? (c’est ce qui se faisait auparavant… maintenant, les rencontres se font dans une salle du rez de chaussée, éloignés l’un de l’autre par une vitre ; elles sont de fait bien moins nombreuses…)
– Non, ce n’est pas possible.
Et voilà, Jean-Loup, comme tant d’autres, a déjà bien moins de visites, il n’en aura ainsi presque plus… Et probablement sa maladie progressera plus vite vers un repli de plus en plus total sur lui même… Cet employé de l’Ehpad fait son travail, il obéit aux consignes actuelles et peut-être même qu’en son for intérieur il en est désolé…
La maltraitance quotidienne s’est considérablement accrue ces derniers temps avec les consignes »sanitaires » imposées au pays. Le fait d’obliger les enfants à porter des masques à l’école me révolte. Enfants maltraités, vieux maltraités, malades maltraités… Une amie vient de m’annoncer le décès d’une amie commune, suite à un cancer généralisé. Au cours des 15 derniers jours de vie de cette dernière, le personnel de l’hôpital lui a fait subir 7 tests PCR !!! Dont un alors qu’elle était inconsciente, quand elle est revenue à elle, elle avait très mal et saignait du nez…
Bien sûr, ce n’est pas une généralité, j’entends aussi des témoignages de grande bienveillance envers les plus faibles. Néanmoins ces pratiques maltraitantes progressent indubitablement en ce moment, par obéissance à toutes sortes de diktats stressants et infantilisants, voire par excès de zèle… Ces pratiques abiment à la fois les maltraités et les maltraitants. Elles ne nous font pas grandir.
J’ai le souvenir d’une phrase de l’Islam : tu ne pourras pas être satisfait si dans l’année, tu n’as pas au moins une fois désobéi à la loi par amour. Je pense que c’est cela qui nous est demandé. L’obéissance sans réfléchir, la soumission à l’autorité, sont des poisons (j’en parlais déjà ici). Hanna Arendt nous a ouvert les yeux sur la »banalité du mal » en commentant le procès d’Eichmann, ancien nazi, lui qui a seulement »obéi aux ordres », lui qui »voulait juste que les trains arrivent à l’heure »…
Nous sommes appelés à exercer notre esprit critique, à décider ce que nous acceptons et ce que nous n’acceptons pas. Un an après l’état de sidération dans lequel nous sous sommes retrouvés, nous risquons de nous enfermer dans une attitude de soumission, comme en témoigne ce genre de réflexion : »on entend tout et son contraire, moi je ne cherche pas à réfléchir, j’obéis aux consignes ».
La société qui naitra du grand bazar actuel se construit dès aujourd’hui, par l’attitude et le positionnement de chacun de nous. Si nous voulons une société démocratique, il nous faut des individus qui réfléchissent, qui sont capables de discuter, d’avoir diverses opinions, capables de désobéir par idéal… et bien sûr une constitution écrite par des citoyens tirés au sort, mais ça c’est un autre sujet (déjà traité sur ce blog).
N'hésitez pas à laisser votre commentaire ci-dessous.
« Moi je ne cherche pas à réfléchir, j’obéis à ma petite voix intérieure qui sait ce qui est juste pour moi »… du coup je n’obéis pas aux consignes, je suis « a-civique » et fière de l’être !
Merci Geneviève pour ton bel article qui, j’espère, « réveillera » certains.
Je pense que cette soumission nous prépare un deuxième mandat Macron.
« Ce n’est pas une preuve de bonne santé que d’être parfaitement intégré dans une société profondément malade. » (Jiddu Krishnamurti). Et lisez sans plus tarder le dernier ouvrage de la philosophe Barbara Stiegler intitulé « De la démocratie en pandémie » : é-di-fiant…!!!
oui c’est important de réagir même s’ il ne nous reste pas beaucoup de moyens.
Personnellement je fais comme le colibri de Pierre Rabhi.
c’est parfois désespérant de se retrouver seul sur ce chemin. Louis Foucher lui aussi parlait dernièrement de ce même écrivain Hanna et c’est le même schéma qui est en place.
J’ai une pensée pour Jean-Loup que j’ai peu connu mais qui semblait-il avait un grand cœur.
Je me joins à toi si tu fais une prière pour lui.
Hervey
Merci de redire encore le poison sociétal de cette incidieuse soumission à l’autorité…
Merci pour vos prompts commentaires. J’abonde les propos de Marc et d’Hervey. Oui il faut lire le petit livret de Barbara Stiegler « De la démocratie en pandémie » (3,90 euros) qui décrit la casse en cours dans des secteurs cruciaux comme l’éducation, la santé, la recherche. Et oui il faut écouter le remarquable Louis Foucher dont les interviewes sont épatantes de clairvoyance, d’érudition, de bienveillance… et d’optimisme au final ! Il nous rappelle que l’autoritarisme qui s’installe, à grande vitesse désormais, est le signe d’une société en déclin, qui n’a plus que cette voie pour se maintenir et que les régimes autoritaires ne durent jamais. J’ajoute qu’en outre si nous sommes suffisamment nombreux à être lucides et à nous positionner pour vivre selon nos valeurs, ce qui tente de se mettre en place actuellement ne pourra pas marcher.
Obéir, se soumettre aveuglement à l’autorité, aux algorithmes, aux normes, s’est accepter de mourir un peu. Seule la transgression de la règle, un pas de coté, permet à l’individu d’être humain. Merci Geneviève pour ce texte.
Merci Geneviève pour ton article. C’est tellement important d’avoir une fin de vie entourée, chouchoutée, accompagnée.
J’ose croire au MEILLEUR à venir.
Je sais que dans un Ehpad dans la Sarthe, une famille choquée par ce que vivaient leur mère et leur tante, s’est manifestée auprès d’une journaliste qui a écrit un très bel article sur la maltraitance et les choses ont bougé.
Merci Geneviève pour tous ces propos auxquels j’adhère ainsi qu’aux commentaires….
Ça fait du bien de vous lire ; on se sent moins seule….
Merci Geneviève,
d’être qui tu es …
Il nous faudrait une bannière, un signe
de reconnaissance pour nous reconnaitre,
Femmes et Hommes (de Paix et d’Amour).
J’ai cousu une rose sur ma veste de Jean
à gauche, sur mon coeur ….
Avec tout mon Amour,
Toute ma Lumière …
Frank
Rosa Park n’ayant pas obéi et disant NON quand on lui demande de sortir du bus a bouleversé une loi raciste. Nous ne sommes ni des moutons ni des chiens de berger.
TRES BIEN VU Genevieve
un texte comme le tien sera peut être la pierre qui achevera une prise de conscience enfin de tous
J’adhère à vos analyses… Et pour venir apporter de l’eau à votre moulin, je partage ici une petite chronique tragique de l’impasse de la stratégie sanitaire et médicale, chronique que j’avais envoyée à des proches.
Une amie très chère et un ancien collègue musicien ont tous les deux perdu leur papa à l’âge de 69 ans, brusquement.
Pour mon amie, son père avait été testé positif au covid et renvoyé chez lui avec du doliprane. Son état s’est peu à peu dégradé et il s’est mis à avoir des absences, à ne plus reconnaître ses lunettes, parler de manière étrange, etc. Malgré un appel au docteur, rien de grave, le doliprane suffira, sinon le 15. Le dernier soir, mon amie ne reconnaît pas la voix de son père au téléphone et fait promettre à sa maman de l’emmener chez le docteur le lendemain à la 1ère heure. Son papa décèdera dans la nuit. Avec toutes les conséquences que cela implique : cet homme, italien, très attentif à ses tenues, ses chaussures, sera enfermé dans son cercueil en pyjama…
Pour mon ancien collègue, son père, se plaignant de douleurs thoraciques, fait le test qui se révèle négatif. Mais les douleurs persistent, il appelle alors le SAMU qui le décourage de venir aux urgences pour attendre 6h alors qu’il ne fait sans doute que « s’angoisser ». Pour citer mon ami, son « père est mort du déni du monde médical face à tout ce qui n’est pas Covid ».
Dans les deux cas, j’appelle ça de la « non-assistance à personne en danger ».
Une autre amie à moi a vu son opération du cancer repoussée 3 fois!
Et même si le Covid aggrave la situation, le système de santé, pour pouvoir être « rentable », est à bout de souffle depuis des années et ne pouvait déjà pas faire face avant ! Ma mère de 71 ans en a fait les frais quand, en 2019, elle n’a été prise en charge qu’au bout de 8h pour un AVC. Elle marchait en arrivant aux urgences. Un an et demi après, les chances qu’elle retrouve l’usage de ses membres sont plus que minimes.
Quel est ce gouvernement qui abandonne son système de soin, qui ne rouvre aucun lit de réanimation alors qu’on est « en guerre », qui pousse les médecins à ne prescrire aucun traitement pour le covid alors qu’il en existe, qui fait porter toute la charge de sa propre culpabilité à des citoyens qui auront des séquelles économiques et psychologiques énormes à force de confinements, d’arrêt d’activité, de manque de tendresse et de mépris – hein, les non-essentiels! -, qui pénalise les enfants et les jeunes alors que ce n’est toujours pas une maladie pédiatrique mais que par contre les retards de langage, les dépressions et les tentatives de suicide se multiplient, qui empêche les proches de dire adieu à leur parent malade, qui soutient tout ce qui déshumanise ce monde et casse tout ce qui fait lien, fait sens, fait amour?
Puisse ce témoignage de Samia Berrada contribuer à nous réveiller sur ce que nous sommes en train de nous infliger mutuellement en ce moment ! Tout mon amour pour cette jeune femme courageuse qui se positionne en dépit de sa grande souffrance. Tout mon amour pour les petits soldats obéissants à qui elle a eu affaire, déshumanisés pour l’instant… https://reinfocovid.fr/temoignage/revenez-lorsque-vous-ferez-une-hemorragie/