Etes-vous heureux ?

Récemment le Conseil régional des Pays de la Loire faisait le point sur sa démarche consistant à interroger les habitants sur ce qui est pour eux une richesse et à élaborer ensuite des indicateurs pouvant suivre l’évolution de nos (vraies) richesses. Une première liste d’indicateurs est proposée, elle sera travaillée avec les personnes intéressées, si c’est votre cas, vous pouvez prendre contact : contact [a] boiteaoutils-richessespdl.fr

Parmi les indicateurs proposés à ce stade, la réponse à une question (il y aurait une enquête) : « Etes-vous heureux ? ». Oups ! Avez-vous déjà répondu à cette question ? Que répondriez-vous ? Ma première observation de statisticienne a été de proposer une question à laquelle il est sans doute un peu plus simple de répondre : « « vous estimez vous plus épanoui qu’il y a un an ? » ou bien « estimez-vous que votre vie vous apporte plus de satisfactions qu’il y a un an ? » (indication sur une évolution… c’est déjà ça).

Ma deuxième observation s’est lentement forgée grâce à un récent échange, instructif, entre une psychothérapeute et un militant. Celle-ci lui demandait : »Quelle est ta motivation pour agir ?« . Il lui a répondu « C’est que cela me rend heureux« . Elle a commenté : « Je ne crois pas que le bonheur existe… Parfois, a posteriori uniquement, on se retourne sur un moment de notre passé et on se dit  qu’on était heureux à ce moment là ; mais dans la vie, on est dans ce que nous faisons, c’est tout. » Cette réflexion m’a interpellée.

Déjà, je me suis rappelée que dans un interview, j’avais moi même posé cette question « Avec quel moteur on bouge ? » et que j’avais tenté d’y répondre pour moi.

Ensuite, il m’est venu que le mental est inapte à appréhender le bonheur, c’est pourquoi il est si difficile de répondre à cette question posée par le mental « Etes-vous heureux ? » . Le mental fonctionne toujours par comparaison et est majoritairement au service de notre ego, qui lui, cultive l’insatisfaction (voir les articles précédents sur l’ego et sur l’appréciation ). La réponse sera donc souvent « oui, mais… » et s’il y a un « mais » c’est donc qu’on ne peut pas vraiment dire qu’on est heureux : certaines choses de notre vie nous satisfont, d’autres non…

Finalement, notre « course au bonheur » en société matérialiste, martelée par la publicité est sans fin, puisque nous ne pourrons jamais dire que nous sommes heureux (ou si rarement) et cela arrange bien le système actuel qui pousse à la surproduction et au gaspillage. Rappelez-vous cet excellent dessin animé sur notre course sans fin à la consommation !

Si le mental est inapte à appréhender le bonheur, est-ce pour autant qu’il n’existe pas ? Pour moi non. Pour moi, le bonheur est un état que l’on ressent, parfois il s’impose à nous furtivement sans que l’on y prenne garde : tout d’un coup, on se sent plein de joie et de paix, sans raison. Parfois, il suffit que l’on s’arrête de penser pour écouter ce que l’on ressent, et quand on arrive à ressentir ce qui nous habite au plus profond, au delà des couches émotionnelles, on peut ressentir un état profond de paix et de joie, d’ouverture et de communion à la Vie. Je suis pour ma part persuadée que cet état profond est TOUJOURS là, qu’il est notre identité profonde. Nous pouvons avoir l’illusion qu’il s’en va ou revient… En fait c’est nous, notre présence, notre attention, qui vont et qui viennent, pas cet état. :-). Je suppose que les grands sages de toutes les cultures ressentent cet état en permanence et que cela explique qu’ils puissent vivre des conditions de vie parfois très difficiles sans être déstabilisés.

 

 

Article présent dans la rubrique Ce qui me passionne, Evolution des consciences.
 
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4 commentaires

  1. David :

    Geneviève,

    Heureusement que je suis allé jusqu’à la fin de ton article car, à un moment, j’ai craint que le bonheur n’existe pas alors que, comme tu le soulignes, je pense qu’il existe effectivement. Mais c’est exact que le mental est toujours surpris que lorsqu’on lui pose la question. Et justement, ceux qui l’expérimentent le plus souvent possible pendant leur vie, peuvent répondre : « oui, je suis heureux ». En tous les cas, c’est ce que je découvre de plus en plus chaque jour.

    Quant aux indicateurs de richesse qui avaient été lancés bien longtemps, je me demande si ce ne sont pas des « marronniers journalistiques » pour amuser le peuple nantais.

    Le 2 juillet 2013
  2. Geneviève :

    Une lecture récente qui apporte un éclairage sur le sujet :
    « – On vit chaque événement avec le filtre des premiers temps de notre existence, qui pourtant n’existent plus. Si tu deviens consciente, tu mettras le passé à sa place et tes ombres disparaîtront. C’est un travail long, jamais spectaculaire, parce que le sable à évacuer se fait à la petite cuillère. Petite cuillère après petite cuillère. C’est ça le chemin de l’évolution.
    – Et je serai heureuse ?
    – Non, tu seras joyeuse. »
    Paule Amblar (un pèlerinage intérieur)

    Le 2 août 2013
  3. simon :

    bonjour, j’ai été particullierement touché par votre réunion a notre dame des landes! mais cela doit vous être souvent répété, mais m’intéressant à la question du bonheur, ce qui pour moi est l’une des sources des solution pour « cette société ».Mon approche du bonheur se tient principalement aux rapports avec le monde sauvage, courrir dans les bois, vivre le moment présent, chaque seconde! je m’avoue(en plus d’être »fan » ),obligé de parler du film qui dailleurs pour moi est plus qu’un film mais un grand message,je parles donc d’into the wild,peu citer ormis pour des références moqueuses de jeunes réveurs du bord des routes. Ce que je trouve détestable dailleurs. si vous avez vu ce film, je penses qu’il résume tout votre résonnement. j’ai vite vu que votre façon de voir les choses se basaient sur la philosophie et la lecture, sachant que l’ethymologie de philosophie est  »amour de la sagesse », et sachant que la sagesse est la solution pour beaucoup de choses, il serait intéressant je penses de parler ou de débatre si cela s’avére plus intéressant que prévu de « ce message » C’est peut être une clef à plusieurs idées qui amélioreront les choses. un jour oui, tout ça va se terminer j’en suis sur. juste je n’est que 16 ans, donc peut être que je suis un peu naÏf enfin c’est vous qui voyez. Moi d’ici trois ans ou plus suivant les études minimum à une bonne connaissance de ce monde, je pars en suède vivre dans la forêt tel un trappeur, à la recherche du bonheur tel mccandless, cela peut faire rire et dans ce cas là, j’aurais fais rire quelqu’un et ce sera déja bien car on en a besoin aujourd’ hui. Et à vous, je vous souhaite bonheur car vous le méritez, ne lachez rien car j’adore votre site 😉 et à bientot peut être

    Le 4 août 2013
  4. Geneviève :

    Un grand merci Simon pour ton commentaire ! Je te souhaite de vivre comme tu l’entends, riche de tout ce que tu cultives. D’accord bien sûr pour échanger plus si c’est possible.
    J’ai vu le beau film « Into the wild » moi aussi. Pour ma part, il m’a laissé un sentiment de tristesse. D’une part parce que le jeune homme est mort et est mort seul et d’autre part car il a choisi cette vie au plus près de la nature sans autre être humain près de lui. Il me semble que si nous sommes profondément reliés à la nature, nous sommes aussi profondément reliés à l’humanité (l’humanité fait partie de la nature et pour chacun de nous, c’est la part de la nature dont nous sommes le plus proches). Il y a sans doute des temps où se trouver seul est très important mais pas tout le temps.

    Le 9 août 2013

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