La stratégie du choc ?

Le terrible assassinat de 12 personnes à Charlie hebdo ce mardi 7 janvier 2015 nous a tous choqués et meurtris. Mais en rester à nos seules émotions et les entretenir me parait malsain, voire dangereux. La puissance des médias et celle des réseaux sociaux permettent de nourrir sans fin les commentaires et les émotions… pour quoi faire au final ?

Depuis hier, je me suis demandé pourquoi moi je ne ressentais que de la tristesse alors que d’autres ressentaient aussi de la colère, d’autres de la haine, d’autres de la compassion, d’autres de l’effroi, etc. Il me semble que chacun éprouve à cette occasion ce qui lui est le plus familier ; nous sommes tous différents et chacun s’exprime bien plus en fonction de ce qui l’habite qu’en fonction de l’événement lui-même.  Un tel drame autorise une forme de catharsis et de défoulement personnel mais partagé collectivement : c’est inévitable et humain mais il importe d’en être conscient. D’autant que ce que chacun exprime va nourrir les émotions et les réactions de tous.

Je suis également troublée par la faiblesse des questionnements qui sont relayés par les médias autour de ce drame, comme je l’avais d’ailleurs été il y a peut-être un an quand une bombe avait explosé dans une course sportive aux USA : il avait suffi que l’on tue un jeune homme et qu’on arrête son frère pour que les media cessent de s’intéresser au sujet.

Sur le drame de Charlie hebdo, je voudrais partager les questions pertinentes de Myret Zaki à propos des réseaux qui forment des terroristes : « Que diraient les morts de Charlie hebdo ? »  . Partager aussi les questions que pose Thierry Meyssan du Réseau Voltaire : « Qui a commandité l’attentat de Charlie hebdo ? » Je n’ai pas les connaissances suffisantes pour juger de la pertinence de ses remarques et je ne serai sûrement pas aussi affirmative que lui ; néanmoins les questions qu’il soulève méritent tout à fait d’être posées. Elles rejoignent la thèse très intéressante de la journaliste canadienne Naomi Klein, « La stratégie du choc » : un gros livre et une vidéo sous-titrée en français (78 minutes !)

Troublée aussi en écoutant certains qui s’indignent que l’on ait ainsi attaqué la liberté d’expression alors qu’ils cautionnent la mise en place de pratiques de privation des libertés. Le projet de loi antiterroriste en France constitue une menace pour nos libertés, comme l’ont dénoncé Human Rights Watch et la Ligue des Droits de l’homme. Aux USA, la position du gouvernement envers les héroïques lanceurs d’alerte comme Snowden, est terrible ; sans parler des atteintes aux libertés, notamment d’expression, découlant du  Patriot act, mis en place après le 11 septembre 2001. Etc.

Enfin, d’autant que c’est la période des VOEUX, j’émets le voeu que de plus en plus de personnes réagissent à ce drame non pas en accusant l’autre (le fanatique, le terroriste, le politicien, le capitaliste, etc.) mais en regardant ce qui, à l’intérieur de nous, a tendance à diviser et à meurtrir, en le regardant, en l’acceptant et en cherchant à nous aimer ainsi, avec nos parts d’ombre. C’est cette démarche qui nous fera le plus progresser vers le monde de paix auquel nous aspirons tous.

Article présent dans la rubrique Ce qui me tarabuste, Comment on en est arrivé là.
 
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1 commentaire

  1. Marie-Aude :

    Heureuse de vous lire, car je partage totalement votre point du vue
    Ne tirons pas de conclusions trop hâtives
    Interrogeons nous chacun sur ce que nous faisons chaque jour pour construire la paix
    Sortons de la dualité, de la réaction à chaud
    Construisons de vraies libertés, ensemble

    Le 9 janvier 2015

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