Sortir de l’obéissance/désobéissance

Je ne cesse d’être stupéfaite par la mentalité « royaliste », c’est à dire extrêmement hiérarchique, que nous avons en France. Nous nous considérons régulièrement sur une échelle, entre « ceux qui sont au-dessus » et « ceux qui sont au-dessous ». Beaucoup de gens cherchant d’ailleurs à être « au-dessus » d’un « au-dessous »… pour se sentir exister ?

Pourtant, nous sommes le pays de la révolution de 1789 ! Un spécialiste du cerveau que j’interrogeais à ce sujet m’a éclairée : « C’est le paradoxe de la révolution française, nous avons coupé la tête du roi et nous avons cru que cela suffisait ». Nous avons cru que cela suffisait pour nous considérer égaux, mais nous n’avons pas changé en profondeur notre façon de voir. Dans d’autres pays occidentaux, en particulier les pays du Nord,  les mentalités sont bien plus égalitaires, il suffit de voir comment vivent leurs élus par exemple. Et certains de ces pays ont  toujours une royauté ! Paradoxe inverse !

De cette mentalité « royaliste », découle une éducation traditionnelle, qui a peu évolué, avec des parents et des enseignants se considérant « au dessus » des enfants/élèves. Je sais que mon propos force le trait mais, globalement, cela fonctionne comme ça « naturellement » puisque conforme à notre vision commune française. Dans cette forme d’éducation, l’obéissance a une grande place. Nous sommes donc formés, nous les Français, à obéir au « supérieur ». Ce que nous faisons bien sûr… et nous désobéissons aussi ! Car forcer les choses dans un sens amène une réaction opposée.

Je vois dans cette caractéristique française l’une des sources de la fraude et de la corruption qui sévissent dans notre pays (60 à 80 milliards d’euros  chaque année de fraude fiscale !). L’une des sources aussi de la mollesse de la réaction des pouvoirs publics devant ces fléaux. De par leur position sociale, certaines personnes se considèrent au dessus des lois et fraudent. Périodiquement, les « affaires » sont mises en lumière comme si c’était juste « l’écume » des choses et nous avons presque de la sympathie pour ces fraudeurs de haut vol car ils pratiquent une forme de désobéissance qui nous est chère ! La preuve, un grand nombre d’élus condamnés pour des affaires de corruption ont été réélus !!

La fraude et la corruption ne sont malheureusement pas l’écume des choses mais participent directement au fonctionnement des milieux d’affaires et des milieux politiques, comme la montré l’excellente soirée organisée par Médiapart le 19 octobre 2014.

Comment sortir de l’obéissance/désobéissance ? D’abord en lisant le livre de Stanley Milgram « Soumission à l’autorité » qui relate une expérience sur la psychologie humaine relative à l’obéissance. J’ai eu la chance de lire ce livre assez jeune et il m’a profondément marquée :  j’ai réalisé que l’obéissance était loin d’être une vertu ! Ensuite, en cultivant la responsabilité personnelle et l’engagement. S’engager, avec d’autres le plus souvent, notamment pour définir ensemble des « contrats », des façons de vivre ensemble, à tous les niveaux : famille, école, entreprise, société… Une fois qu’on s’est mis d’accord, notre attitude devient de l’adhésion, c’est différent de l’obéissance. Le non respect des règles entraine des sanctions préalablement définies. Par rapport aux enfants, le positionnement éducatif est bien différent : la sanction sanctionne un acte d’une personne responsable tandis que la punition est relative à une personne que l’on place en position inférieure.

Aujourd’hui le contrat social a perdu de sa force, les citoyens adhèrent de moins en moins à une loi qu’ils voient régulièrement impunément violée par les plus puissants (et c’est aussi pour certains une bonne excuse…). De nombreuses voix s’élèvent pour affirmer l’urgence d’une nouvelle république, ce qui signifie l’écriture d’une nouvelle constitution. Un mouvement coopératif est né : m6r . Déjà plus de 57 000 personnes ont signé l’appel. Il est effectivement grand temps qu’une nouvelle constitution soit écrite, de façon réellement démocratique, pour en premier lieu, réglementer et brider le pouvoir des puissants. Un travail formidable est mené par Etienne Chouard et de nombreuses personnes autour du tirage au sort et des ateliers d’entrainement à l’écriture d’une nouvelle constitution. Enormément d’informations se trouvent sur son site le Plan C. Allons-y ! Responsabilité et engagement vont nous transformer en profondeur 🙂

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