Problème de décisions, problème démocratique
Je commence cet article par ma colère et mon indignation : le gouvernement ne s’excuse pas des mauvaises décisions qu’il a prises en relation avec l’épidémie de Covid 19. Se tromper, cela arrive à tout le monde, ce n’est pas le problème. Mais poursuivre dans l’erreur ce n’est pas pardonnable. Décisions erronées successives sur les masques (enquête de Médiapart) et sur les tests de dépistage : « on doit être à 25 000 tests par jour. On pourrait faire trois fois plus », selon le président du syndicat des jeunes biologistes médicaux (Médiapart du 13 avril). Et pour moi le pire : l’interdiction faite aux médecins généralistes de soigner leurs patients avec le traitement qui a fait ses preuves dans différents pays, appliqué avec succès à Marseille !!
Sur les deux premiers points, masques et tests, les décisions du gouvernement ont évolué (très lentement)… mais pas sur le troisième, les traitements. Dans son allocution du 13 avril, E. Macron s’est vanté que la France soit le pays « où l’on teste le plus de traitements« … On perd ainsi encore du temps alors qu’on a un traitement sous la main !!! A ce sujet, je ne peux que vous recommander chaleureusement les différents articles du blog de Jean-Dominique Michel, anthropologue de la santé et expert en santé publique en Suisse.
Que ce soit face aux gilets jaunes, aux personnels des hôpitaux, aux pompiers, à tous ceux qui ne voulaient pas de la réforme des retraites, et maintenant face à une épidémie, nous avons affaire à un gouvernement qui n’est pas à la hauteur et dont les décisions sont regrettables. Les choix de ce gouvernement et son autoritarisme attisent partout la colère et sont les premiers responsables de la montée du mouvement de Marine Le Pen.
Problème de décisions mais aussi et surtout problème démocratique : en 2017, nous avons élu un roi, conformément à notre constitution de Ve république, accompagné de sa cour de députés… Et comme E. Macron endosse tout à fait le costume royal, voilà ce que ça donne : on ne peut rien faire face à ses mauvaises décisions. Pétitions, manifestations, grèves… tout tombe dans un trou noir.
Il est indispensable que nous écrivions une nouvelle constitution, bien plus démocratique, équilibrant les pouvoirs et les contre pouvoirs, instaurant entre autres choses le Référendum d’Initiative Citoyenne. Si les élus pouvaient être révoqués par référendum, ils seraient plus soucieux du bien être de ceux qu’ils représentent. Une nouvelle constitution écrite par une assemblée de citoyens tirés au sort. J’en ai déjà parlé ici.
Je termine cet article par ce qui a pris beaucoup de place dans ma vie ces jours derniers : la gratitude. Gratitude pour la pause générale qui nous est offerte du fait du confinement, même si ce n’était sans doute pas la meilleure façon de faire (cf JD Michel) mais en l’absence de masques et de tests… peut-être… Même si ce confinement est vécu douloureusement par bon nombre d’entre nous… Pour certains dont je suis, il est vécu avec joie et gratitude, il nous offre la possibilité d’un retour vers nous mêmes, vers ce qui compte le plus pour nous, il peut diffuser largement l’envie d’une nouvelle façon de vivre ensemble, il donne l’espoir que c’est possible ! Le message d’un chamane hopi m’accompagne : « Ne vous sentez pas coupables d’être heureux pendant cette période difficile. Vous n’aidez pas du tout en étant tristes et sans énergie. Cela aide si de bonnes choses émanent de l’Univers maintenant. C’est par la joie que l’on résiste. De plus, lorsque la tempête passera, vous serez très importants dans la reconstruction de ce nouveau monde. Vous devez être bien et forts. Et, pour cela, il n’y a pas d’autre moyen que de maintenir une vibration belle, heureuse et lumineuse. Cela n’a rien à voir avec l’aliénation. Il s’agit d’une stratégie de résistance. »
Pour aller plus loin, je ne saurais trop vous recommander d’écouter cet interview de Franck Lopvet à propos de la situation actuelle : face à ce sujet du coronavirus qui est commun à tous, chacun lit ce qui se passe en fonction de ce qu’il porte en lui, de son système de croyances… Nous pouvons prendre clairement conscience qu’au milieu d’une réalité partagée par tous, chacun vit sa propre réalité, sa propre vérité. C’est toujours comme ça que cela se passe mais là, cela devient bien plus visible.
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Bonjour Geneviève,
Merci pour ces informations et tes opinions, qui m’alimentent et font progresser les miennes. Permets moi juste d’ajouter un souhait et une gratitude aux tiennes. Pour que cette pause permette un peu moins d »entre soi », et permette à tous, moi inclus, de repousser cette incapacité, alimentée par la facilité télématique à ne s’abonner qu »à ce qui nous ressemble, à ne toujours voir dans l’autre, voisin ou élu « de l’autre bord », que ce qui est « contre » (mon credo). Je suis un peu fatigué des colères qui mettent au même niveau déceptions, approximations, erreurs et autres procès en dictatures (A ce que je sache, et même si ce président a accumulé de grosses bourdes, par arrogance notamment, l’abstention électorale a commencé à gonfler de façon inquiétante bien avant lui). J’aurais aimé lire ici un peu d’auto critique sur l’envers du décor Notre Damien qui n’aurait rien entamé de la valeur des objectifs visés. Quelques témoins nuancés, ont livré des témoignages sur les limites au « plus intégriste que moi tu meures », y compris en matière d’écologie. Et cela n’aurait pas diminué ce mouvement, qui vaut mieux que ses ultras et détracteurs, d’oser parler de ces comportements là tout aussi dangereux pour la démocratie même à bout de souffle et à renouveler. Je pars du principe que la capacité de bien faire et de mal faire existe en chacun, y compris avec les meilleures intentions, moi inclus, rejoignant Edgar Morin dans ce constat lucide. Donc tout manichéisme, quel-qu’il soit, de droite ou de gauche, me donne le sentiment de vouloir me cantonner dans un monde en Noir et Blanc, infantile où on ne me jugerait apte à ne comprendre que des situations, des pensées et des comportements tranchés. Bien à toi, Philippe
Merci Philippe pour ces ajouts et ton désir d’ouverture. Je pense que tu seras intéressé d’écouter l’interview de Franck Lopvet dont j’ai donné le lien. Effectivement la façon dont nous vivons les choses corrobore ce que nous pensons déjà. Et le risque est grand de créer et de renforcer toutes sortes de frontières et d’intégrismes ! En avoir conscience est déjà la 1ere étape. La seconde c’est la volonté d’ouverture. Et j’ajoute que si on touche le plus profond en soi, on touche à notre unité profonde, plus réelle que les apparences de séparations.
Bonsoir Geneviève. vous êtes une lumière dans ce tunnel que nous traversons, votre analyse apporte du réconfort car vous portez ainsi la bonne synthèse de cette situation de confusion . merci à vous .
Et oui Geneviève, notre président jupitérien ne sait faire que du Macron, c’est-à-dire, sauver l’image, tenter celle du père de la nation après avoir essayer celle du chef de guerre… Mais c’est toujours un homme seul, dont le logiciel ne prévoit pas le travail collectif ni les remises en question… même dans un contexte d’impuissance…
Je m’intéresse plutôt par les temps qui courent, aux propositions du sociologue Bruno LATOUR, dans son article paru dans le quotidien en ligne AOC (du 29/03, je pense): Imaginer les gestes-barrières contre le retour à la production d’avant-crise.
Comment composer une autorité crédible dans la sortie de crise, si les citoyens s’en remettent toujours au niveau supérieur ? Chacun de nous doit construire sa propre barrière.
Passionné par l’expérience des cahiers de doléances, il propose que chacun utilise (je cite) « ce temps de confinement imposé pour décrire, d’abord chacun pour soi, puis en groupe, ce à quoi nous sommes attachés ; ce dont nous sommes prêts à nous libérer ; les chaînes que nous sommes prêts à reconstituer et celles que, par notre comportement, nous sommes décidés à interrompre. ».
Car comment penser un nouveau modèle, si nous ne savons pas à quoi nous tenons ? Il a remarqué lors de l’expérience des cahiers de doléances, combien il était difficile pour chacun de dire ce à quoi il tient, noyé dans tout ce qui est imposé par le système.
Voici son outil d’aide au discernement, ni un questionnaire, ni un sondage, mais une aide à l’auto-description telle qu’elle figure dans la procédure des nouveaux cahiers de doléances. Je le cite:
Il s’agit de faire la liste des activités dont vous vous sentez privées par la crise actuelle et qui vous donne la sensation d’une atteinte à vos conditions essentielles de subsistance.
Pour chaque activité, pouvez-vous indiquer si vous aimeriez que celles-ci reprennent à
l’identique (comme avant), mieux, ou qu’elles ne reprennent pas du tout. Répondez aux
questions suivantes :
Question 1 : Quelles sont les activités maintenant suspendues dont vous souhaiteriez
qu’elles ne reprennent pas ?
Question 2 : Décrivez a) pourquoi cette activité vous apparaît nuisible/ superflue/ dangereuse/ incohérente ; b) en quoi sa disparition/ mise en veilleuse/ substitution rendrait d’autres activités que vous favorisez plus facile/ plus cohérente ? (Faire un paragraphe distinct pour chacune des réponses listées à la question 1.)
Question 3 : Quelles mesures préconisez-vous pour que les ouvriers/ employés/agents/ entrepreneurs qui ne pourront plus continuer dans les activités que vous supprimez se voient faciliter la transition vers d’autres activités ?
Question 4 : Quelles sont les activités maintenant suspendues dont vous souhaiteriez qu’elles se développent/ reprennent ou celles qui devraient être inventées en remplacement?
Question 5 : Décrivez a) pourquoi cette activité vous apparaît positive ; b) comment elle rend plus faciles/ harmonieuses/ cohérentes d’autres activités que vous favorisez ; et c) permettent de lutter contre celles que vous jugez défavorables ? (Faire un paragraphe distinct pour chacune des réponses listées à la question 4.)
Question 6 : Quelles mesures préconisez-vous pour aider les ouvriers/ employés/agents/ entrepreneurs à acquérir les capacités/ moyens/ revenus/ instruments permettant la reprise/ le développement/ la création de cette activité ?
Trouvez ensuite un moyen pour comparer votre description avec celle d’autres participants. La compilation puis la superposition des réponses devraient dessiner peu à peu un paysage composé de lignes de conflits, d’alliances, de controverses et d’oppositions.
Chiche ?