Dialogue en humanité
J’emprunte ce très beau titre « Dialogue en humanité » à un réseau de manifestations qui ont lieu dans différents endroits du monde depuis quelques années à l’initiative de nombreuses personnalités et associations préoccupées de notre devenir. En France, un rassemblement de trois jours a lieu à Lyon chaque année (programme juillet 2016).
La démarche Zigoneshi de dialogue entre civilisations est un beau projet de dialogue en humanité. Elle est portée par l’association Tchendukua qui a permis aux Indiens Kogis d’Amérique latine de racheter une partie de leurs terres ancestrales au gouvernement colombien. Aujourd’hui, cette association propose une démarche de dialogue avec les Indiens Kogis, dans l’espoir que notre civilisation en perdition puisse évoluer au contact de la sagesse de cette civilisation première.
Nous devenons nombreux à estimer que la prochaine civilisation qui succèdera à l’actuelle pourrait se bâtir à partir de l’union de ce qu’il y a de meilleur dans les civilisations des peuples premiers (« ceux qui laissent » comme les nomme Daniel Quinn) et ce qu’il y a de meilleur dans la nôtre, issue des Lumières (« ceux qui prennent »). Encore faut-il dialoguer, encore faut-il que nous admettions l’impasse de notre civilisation moderne et que nous quittions notre sentiment de supériorité…
Hasard heureux : peu de temps après avoir entendu parler de la démarche Zigoneshi, je découvre le témoignage et l’analyse d’une américaine, Jean Liedloff, dans un livre qu’elle a écrit en 1975, sur la façon d’élever les bébés des Yékwanas, une tribu indienne du Vénézuela (« Le concept du continuum, à la recherche du bonheur perdu »). Elle en tire un grand nombre d’enseignements sur ce qui fonctionne quand on veut des enfants équilibrés, en sécurité affective, trouvant aisément leur place dans la société : un maximum de continuité entre la vie intra-utérine et les premiers mois, un bébé toujours au contact du corps de sa mère (ou d’une autre personne), une mère menant ses activités, non centrée sur l’enfant, mais disponible… Cette analyse a fait scandale à l’époque aux Etats Unis et maintenant, 40 ans après, elle trouve bien plus d’échos favorables. Nous évoluons 🙂 ! Le travail de Jean Liedloff rejoint d’ailleurs celui de l’anthropologue Pierre Mandara dont je parlais ici .
Nous qui sommes convaincus de ne pas savoir comment vivre ensemble et cherchons auprès de grands hommes, de sages, de prophètes, des conseils pour y parvenir, pouvons rencontrer des peuples et des cultures pour qui cela n’est pas une question. Cela nous aidera à faire des pas de côté et à considérer les mythes(1) de la civilisation occidentale pour ce qu’ils sont : des constructions mentales partagées par le plus grand nombre. Cela peut ne pas durer !
(1) cf mon article sur Ishmaël de Daniel Quinn
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