Aimer n’est pas apprécier
Nous avons tendance à confondre ces deux termes, « aimer » et « apprécier ». Quand on dit « j’aime » cela veut le plus souvent dire « j’apprécie », c’est-à-dire que ce que je perçois de la personne, objet, lieu… dont il est question, correspond à mes goûts, à ce qui me plait : j’apprécie. Ce sentiment est donc lié à un jugement, positif en l’occurrence, d’adéquation entre ce que je porte et ce que je perçois à l’extérieur de moi. Et symétriquement quand on dit « je n’aime pas ».
La partie de nous qui s’exprime là est celle qui contient nos jugements sur la vie, sur ce que nous considérons bien ou mal… c’est la partie de nous-mêmes qui est la plus conditionnée et sans doute la plus limitée. C’est toutefois cette part de nous-mêmes que nous avons été habitués à écouter très prioritairement, pour ne pas dire exclusivement. On peut sans doute l’assimiler à notre « cerveau gauche », celui qui analyse, décortique, porte des jugements.
Aimer est à mon avis une toute autre attitude, moins fréquente, c’est une attitude d’accueil et d’ouverture… à l’autre, tel qu’il est, sans jugement. Mais aussi à une situation : accueil et ouverture à ce qui est. Nos goûts et nos préférences ne sont pas reniés mais ils n’ont rien à voir avec cette attitude. D’après le témoignage du Dr Jill Bolte Taylor sur son AVC, je suppose que cette attitude est le propre de notre cerveau droit, celui qui a une approche globale, intuitive, paisible, dénuée de jugement.
Par chance, nous naissons tous avec un fonctionnement du cerveau guidé par l’hémisphère droit, la spécialisation de l’hémisphère gauche vient un peu plus tard (vers deux ans ?). Par chance donc, nous avons sans doute tous expérimenté cette attitude dans notre plus jeune âge. Par chance aussi, la plupart de ceux qui ont expérimenté la parentalité ont connu aussi cet accueil total et complet de l’enfant qui parait, ce que l’on nomme aussi amour inconditionnel.
Il me semble toutefois qu’ « amour inconditionnel » est un pléonasme. Au sens où j’entends le mot amour, il est par définition sans condition. Ce que l’on tente d’appeler « amour conditionnel » est à mon sens de l’appréciation, voire de la dépendance.
Nous avons sans doute assez rarement l’occasion de vraiment aimer de la sorte, tellement nous sommes prisonniers de nos jugements de toutes sortes. En prendre conscience est déjà une étape, s’exercer à aimer en est une autre…
Pourquoi est-ce intéressant d’expérimenter cette façon d’aimer ? Parce que c’est libérateur. Vivre sur le mode « j’apprécie/j’apprécie pas » est fatiguant et aliénant car il y a toujours quelque chose qu’on appréciera plus qu’une autre ou qu’on finira par ne plus apprécier… C’est d’ailleurs le moteur de notre société de surconsommation et de gaspillage. Vivre cet amour-ouverture-acceptation est un moteur de transformation très puissant. Franck Hatem, un métaphysicien qui m’époustoufle, en parle : « C’est seulement en aimant le passé/présent que nous nous en libérons et que nous pouvons alors construire du neuf ». Et au bout du compte, nous pouvons approcher l’attitude des sages. Je crois que c’est Krishnamurti (grand philosophe indien du XXe siècle) qui a dit : « Mon secret ? Je ne me préoccupe pas de ce qui arrive. Le moment présent est mon ami, quelle que soit la forme qu’il prend ».
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Bonjour Geneviève,
Je m’étais fait il y a quelques temps la même réflexion sur la nuance entre ces deux termes, « aimer » et « apprécier », et je me réjouis de la voir exposée de façon aussi limpide.
Lorsqu’il y a une forte divergence entre « aimer » et « apprécier », on peut aboutir à une situation de dissonance cognitive. Cf Wikipedia:
« L’individu, en présence de cognitions (« connaissances, opinions ou croyances sur l’environnement, sur soi ou sur son propre comportement » incompatibles entre elles, éprouve un état de tension désagréable : c’est l’état de « dissonance cognitive ». Dès lors, cet individu mettra en œuvre des stratégies inconscientes visant à restaurer un équilibre cognitif. Ces stratégies sont appelées « modes de réduction de la dissonance cognitive ».
…Mais cette divergence n’aboutit pas forcément à un tel processus. Il peut même au contraire être agréable dans de nombreuses situations (amitié, amour, passions en général…) Cerveau gauche et cerveau droit peuvent ainsi « trouver les moyens de coexister » en toute harmonie.
Chère Geneviève,
Merci pour cet éclairage, quoique un peu trop scientifique pour ma part, notamment sur la physiologie et la nature des cerveaux droit et gauche.
Ne pensez-vous pas que la valeur sémantique du mot a été oubliée dans votre analyse si pointue.
Les mots « aimer » ou « apprécier » ont elles les mêmes valeurs entre deux personnes d’horizons différents ?
La portée du mot « apprécier » est elle la même entre un enfant de 10 ans, un ado de 15, un jeune couple ou un couple éprouvé ?
Le mot « aimer » a t’il le même sens lorsqu’il est tiré d’un passage de Shakespeare ou s’il est sorti d’une série à l’eau de rose ?
Merci tout de même pour billet de synthèse
Jean Louis et Marie-Jo
Merci Genevieve de ns avoir permis de differencier ces deux mots,qui sont a peu pres identiques
pour moi,Aimer est encore plus fort qu’Apprecier
Benh shui d’accord avec Ricardo que aimer est plus fort qu’apprecier
Chère Geneviève,je vous remercie pour votre analyse de « appréciér et aimer » car j’ ai fait souvant cette réflexion,pose cette problématique de ces derniers à différentes personnes qui refusent de comprendre,qui a une différence profonde je leur dit.apprécier veut dire:apprécié quelque -un à sa juste valeur d’où vous appréciéz quelque-un parce que…contrement à « aimer »qui ne peut y avoir des » des causes,parce que ect » donc on aime parce qu’on « NE SAIS PAS » pourquoi, c’est ce « JE NE SAIS PAS » qui rende la purté de ce dernier.
Bonjour, le mieux pour comprendre la difference, c est de la vivre! Eh oui..pour rěpondre a une personne..c est un savoir: Aimer et apprecier! un ressenti! Primaire!!! Tres jeune! Ex: j apprecie pas toujours ce garçon, car il m embete ou autre! Pourtant, je reste avec lui! Car je l aime!!! Et voila! J ai 46ans..et c est tjs pareil..lol
Bonsoir Généviève et merci pour votre brillante analyse des concepts qui nous ont autre fois parus complexes. Et si on disait que « aimer » est beaucoup plus sentimental,alors que « apprecier » est émotionnel. Merci!
Bon à savoir ; j’avais du mal à faire la Part des choses maintenant c’est clair ! merci Geneviève.
Merci Geneviève,
J’ai lu avec intérêt votre explication et j’ai bien compris le raisonnement. C’est très claire.
Merci de m’avoir m’expliquer cette chose j’ai mal a faire la différence entre « appréciation »et « aimer »
Est ce que le mot apprécier signifie que la personne vous aime merci
Je suis d’ accord que si on disait que » aimer » est plus sentimental alors que » apprécier » est émotionnel.
Est- ce que l’on pourrait expliquer aussi une sorte de » » peur de l’engagement » !!!!!!
Merci d’éclaircir ce point très intéressant
Puisque France me demande un éclaircissement, voici ce que je peux dire au sujet de ce qui est « sentimental », « émotionnel » et « peur de l’engagement ». Je n’en avais pas parlé dans cet article car les sentiments et émotions s’ajoutent en plus de nos appréciations et de notre état d’amour.
Quand nous apprécions quelqu’un, c’est un ensemble de souvenirs-jugements-expériences-conditionnements qui nous y conduisent et certains d’entre eux peuvent être fortement chargés d’émotions… celles-ci colorent donc notre appréciation du moment.
Quand nous sommes dans un état d’amour-ouverture, nous pouvons aussi ressentir quelque chose que l’on nomme aussi sentiment ou émotion… C’est dire que ce critère sentiment/émotion n’est pas à mon avis très pertinent pour différencier « aimer » et « apprécier ».
Quant à la peur de s’engager, c’est une peur, donc une émotion, et elle a une origine dans notre histoire, dans nos conditionnements… Quand elle est là, comme toutes les peurs, elle a besoin d’être reconnue, d’être acceptée, si possible d’être comprise et aimée. C’est un chemin de travail « sur soi » ; il est souvent utile de le faire accompagné d’un professionnel. Il y a aussi un livre très éclairant sur le sujet plus large de nos ombres : « la part d’ombre des chercheurs de lumière » de Debbie Ford. J’en ai fait un résumé ici : http://lebouteux.chez.com/rdarkside.htm
Moi je suis tombé amoureuse d’un garçon qui m’apprecié je ne vois pas que doije faire parce que moi je t’aime beaucoup…
Vous pouvez
apprécier une personne en même temps vous aimez.
Merci de nous avoir montré la différence banale que faisait chacun de nous
Grand merci à toi, Geneviève, pour ton éveil intellectuel qui fait toujours de l’effet, même à travers le temps. Lorsque cet article vit le jour, je n’étais encore qu’un gamin naïf, insouciant, qui ne prenait pas la peine de comprendre les choses ni même de réfléchir sur elles jusqu’à ce que je me heurte à cette vérité… Je dois dire que j’ai fait les frais de cette naïveté. J’aimerais rajouter aux dits de Geneviève que l’amour peut être défini comme étant « le sentiment d’incompréhension » car des fois, ou dirais-je même « majoritairement », ses principes défient ceux de la logique. C’est un concept vaste et large, beaucoup, en s’y aventurant, n’en sont jamais revenus les mêmes.
Geneviève a bien éclairé certaines de mes idées
Geneviève,vous avez bien éclairé mon sujet par votre livre
Bonjour Geneviève, merci pour ces explications entre « aimer et apprécier « seulement , je trouve que la différence est à une limite très insignifiante. Mais qu’on doit quand même prendre en considération pour ne pas se tromper. Parce que même dans l’appréciation il y’a quand même de l’amour.
Tout les deux relève des sentiments mais avec un degré moins égal. L’amour a plus de degré que l’appréciation. À très bientôt,Emmanuel.