« Le conflit majeur de notre monde : les pastèques contre les myrtilles »
Lors de l’assemblée générale de Novabuild, association régionale d’entreprises pour l’éco-construction, Pierre Radanne a résumé magistralement une confrontation et un défi majeurs de notre époque : « Le conflit majeur de notre monde se joue entre les pastèques et les myrtilles ». Les pastèques, c’est très gros, organisé, imposant… Les myrtilles sont toutes petites et dispersées. Pourtant, avec une très grande quantité de myrtilles on peut parvenir au même poids qu’avec une pastèque.
Dans le domaine de l’énergie et de la nécessaire transition énergétique, qui est le domaine de Pierre Radanne, il nous faut passer « des pastèques aux myrtilles » : d’un système centralisé, concentré, à un système déconcentré, diffus, de petites unités de production, de sobriété et de consommation responsable… qui implique chacun de nous ! Pourquoi ce passage est-il nécessaire ? Parce que les investissements du système énergétique actuel (années 70) arrivent en fin de vie, que nous nous trouvons donc au moment du choix d’un nouveau cycle d’investissement pour les trois décennies à venir et que les énergies renouvelables et diffuses sont plus prometteuses que les énergies du passé (épuisement, pollution, climat…).
L’image des pastèques et des myrtilles s’applique à d’autres domaines que l’énergie bien sûr et elle correspond au changement de paradigme en cours : passer d’un système hiérarchique, autoritaire, centralisé… à un système fluide, en réseau, coopératif. Passer de l’obéissance (avec son corollaire de fronde et de triche) à la responsabilisation…
La France est un pays « pastèque » tandis que l’Allemagne et les pays du nord de l’Europe sont davantage « myrtilles ». Cela se manifeste d’un grand nombre de façons et c’est me semble -t-il ancré profondément dans notre culture/éducation : malgré la révolution française, nous avons dans l’ensemble conservé une mentalité royaliste. Nous considérons la société avec ceux qui sont au-dessus (qui savent, qui décident, qui gèrent…) et ceux qui sont au-dessous (qui n’ont qu’à faire ce qu’on leur dit). Nous voyons beaucoup les relations sociales en termes hiérarchiques. Dans les pays de nord, les relations sont beaucoup plus égalitaires. Cette vidéo sur le gouvernement norvégien (7 minutes) est édifiante : simplicité, transparence, respect de l’argent public, contrôles sérieux… On y entend le ministre des affaires étrangères dire « Il ne faut pas croire que parce qu’on est ministre, on est différent. C’est faux et c’est très dangereux« .
J’en suis venue à penser qu’une mesure démocratique bénéfique pour l’évolution de notre pays serait de supprimer les grandes écoles qui forment les « grands corps d’Etat ». Ce système fabrique et reproduit une bonne partie de l’oligarchie : à la tête de l’Etat comme à la tête des très grandes entreprises, on se connait, on passe du privé au public, on s’influence, on reste « entre soi »… On cultive ainsi nos grosses et solides pastèques qui sont très résistantes au changement en cours.
En tout cas, cela ne nous empêche pas de cultiver nos myrtilles ! Lors de ma campagne pour les législatives en 2012, j’avais listé un très grand nombre d’initiatives citoyennes de transformations concrètes. On peut retrouver cette liste ici.
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Le reportage norvégien témoigne en effet d’une sacrée vertu protestante qui n’a guère cours sous les lambris parisiens. Le ministre a raison d’évoquer le fait que cela maintient la crédibilité du pouvoir que de garder le contact avec la réalité de tout un chacun.
On est loin de Cahuzac…