Geneviève Lebouteux

Tout changer pour ne rien changer ?

Je suis abasourdie par la réforme territoriale menée à la hussarde. On réunit des régions, on en fait pour beaucoup des ensembles énormes (plus difficiles à manager très vraisemblablement ; on va transférer rapidement des compétences départementales aux régions (collèges, transports…). Et tout ça dans quel but ? C’est flou.

Pour l’instant, j’anticipe les conséquences suivantes :

– beaucoup de travail supplémentaire pour les fonctionnaires d’Etat et les fonctionnaires territoriaux, qui déjà, depuis plusieurs années, voient passer les plans et les réformes qui chargent la barque et les empêchent de faire correctement leur boulot de base. Le burn out (épuisement total) est déjà une réalité dans plusieurs établissements ;

– risque d’un travail du secteur public moins bien fait, ce qui permettra de critiquer ce secteur et de transférer de l’activité au secteur privé ;

– une démocratie de plus en plus difficile à vivre : plus les ensembles sont gros, plus il est difficile pour un citoyen de s’impliquer ;

– de l’argent perdu en coûts de réorganisation, en appels à des bureaux privés pour l’accompagnement des changements, en réunions-discussions pour savoir où se feront les choses, en construction de nouveaux bâtiments… et ensuite en déplacements…

Et finalement, quand une grande partie de la population sera occupée à ces transformations, on ne trouvera plus beaucoup de temps et d’énergie à mettre pour affronter les défis majeurs de notre civilisation qui s’effondre : accroissement des inégalités, paupérisation, transition énergétique, agricole, climatique, etc. Nous avons de nombreux et importants chantiers à prendre à bras le corps et il semble que tout soit fait pour ne pas bouger.

Conclusion: si finalement tout est fait en haut lieu pour que rien ne change, faisons bouger les choses là où nous sommes, ensemble. Le mouvement est lancé depuis un bout de temps maintenant et il est irrésistible. Yallah ! comme disait Soeur Emmanuelle.