Une nouvelle constitution écrite par des citoyens tirés au sort

Ces jours-ci, un grand nombre de Français « gilets jaunes » manifestent une colère et une exaspération légitimes : leur vie se dégrade, ils ont de plus en plus de difficultés à boucler leur fins de mois. Je copie ci-dessous un document trouvé sur Facebook (pas de garantie sur sa validité mais à mon avis éclairant).

La colère des manifestants est d’autant plus légitime que ceux-ci voient les très très riches s’enrichir de plus en plus, grâce notamment aux décisions politiques de ce gouvernement. Les inégalités se sont accrues et continuent de s’accroître ! Ce sentiment d’injustice est un moteur puissant de révolte. La plupart des gens acceptent de faire des sacrifices si tout le monde en fait et si la société est relativement égalitaire. D’ailleurs, la transition écologique comme le mieux être de TOUS ont bien plus de chances de se réaliser dans une société assez égalitaire  (voir ce livre très éclairant de deux économistes anglais et ce que j’en disais ici il y a cinq ans). Nous sommes dans la situation inverse !

Il y a aussi des causes bien plus profondes aux désordres actuels et aux violences que subissent quotidiennement les plus pauvres.

1) Notre système politique est obsolète. Il est oligarchique, pseudo-démocratique, ne protège pas le peuple. Il y a une porosité de plus en plus grande avec les milieux d’affaires et les banques qui tirent les ficelles pour leur propres intérêts (voir par exemple le livre La caste de Laurent Mauduit). Comme Etienne Chouard dont j’admire l’érudition et les positions courageuses, je pense que la véritable solution c’est de demander à des citoyens tirés au sort d’écrire une nouvelle Constitution. En effet, ce n’est pas aux hommes de pouvoir d’écrire les règles du pouvoir, ce n’est pas à des élus d’écrire la prochaine Constitution.

2) Notre mentalité française hiérarchique, quasi royaliste : certains sont considérés comme « au dessus » des autres. Alors que le peuple français a tué son roi en 1789, il a conservé une mentalité bien plus hiérarchique que beaucoup de peuples voisins chez qui d’ailleurs il peut rester des rois : les Pays bas, la Suède… C’est un paradoxe mais il s’explique : on a coupé la tête du roi et on a adopté une belle devise « liberté, égalité, fraternité »… en considérant que cela suffisait, il n’y a pas eu de travail sur les mentalités… J’en parlais déjà ici en 2013. Cette mentalité a au minimum deux effets pervers : ceux qui se sentent au-dessus des autres peuvent se croire au-dessus des lois ; ceux qui se sentent au-dessous peuvent se déresponsabiliser et attendre que ceux d’au-dessus s’occupent d’eux…

3) Et bien sûr, ce à quoi je tiens beaucoup, les mythes de notre paradigme actuel de la lutte de tous contre tous. La destruction généralisée qui est en cours n’est pas le fruit du hasard, elle découle logiquement de notre mode de pensée, de notre vision du monde. Je vous renvoie à mon nouveau livre, L’UNITE, un paradigme pour les temps nouveaux.

Article présent dans la rubrique Ce qui me passionne, Ce qui me tarabuste, Comment on en est arrivé là, Démocratie en question, Evolution des consciences.
 
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4 commentaires

  1. Marcel :

    La constitution par le peuple une utopie quand on voie les interviews de certains gilets jaunes, certes il doivent participer à cette 6 ème république 2.0 mais il faut un minimum de culture pour comprendre les enjeux financiers et pourquoi même en se serant la ceinture l état dépensera 30 milliards de plus en 2019. St exupery ne disait-il pas que si le peuple comprenait les enjeux financiers il serait en révolution permanente depuis longtemps alors la solution ? Elle est dans mon post sur Facebook faire défaut partiel sur la dette de l’état qui enrichi le quatar et emprunter sur le bas de laine des français de 2000 milliards à 2 fois moins cher tout en rémunérant l épargne des français au juste prix

    Le 2 décembre 2018
  2. Fabien/Chidanand :

    Oui,
    Bon post et bon commentaire.
    Merci,
    La dette de l’état… pourquoi a-t-on accepté cela depuis si longtemps?
    C’est bien le symptôme du fait que la politique a préféré servir les intérêts financiers plutôt que ceux de tous, du peuple.
    Un peu comme si on sortait du triangle:
    victime bourreau sauveur.
    Cela me parait être un mouvement où une partie de la population se prend en main.
    C’est bien d’agir… il reste à construire.
    Amitiés à tous,

    Le 2 décembre 2018
  3. Donatien :

    Par pitié, pas de sixième république. Les lois sont là, et nous en avons d’ailleurs beaucoup trop. Mais elles ne sont appliquées que sélectivement contre ceux qui critiquent le gouvernement. Il faudrait aussi qu’une loi sur un sujet précis annule la précédente. En ce moment, elle se superpose à l’ancienne. Résultat : une embrouille qui fait le bonheur du Syndicat de la Magistrature, mais trahit les Français.

    Le 3 décembre 2018
  4. Geneviève :

    Bien sûr Marcel il y a plein de mesures à prendre qui restaureraient plus de justice sociale, fiscale, économique. Un audit de la dette est indispensable et des décisions de défaut partiel certainement. C’est d’ailleurs toujours comme ça que l’économie a fonctionné comme l’a si bien montré David Graeber dans son livre « 1000 ans de dette ».
    Mais il y a aussi le fond du fond et n’en déplaise à Donatien, si notre constitution était écrite par des gens tirés au sort, elle ne serait pas celle de la 5e république qui a été écrite « pour » le général De Gaulle, dans un contexte très particulier, et nous maintient dans cette mentalité hiérarchique et monarchique qui produit des dégâts.
    Suite à la crise bancaire de 2008, l’Islande a fait réécrire sa constitution par des citoyens (mais ensuite elle a été révisée par les élus donc l’expérience n’est pas complètement aboutie), elle a mis en prison les banquiers qui avaient ruiné le pays et elle s’en sort plutôt bien.
    Bien sûr que nous avons trop de lois et pas assez d’annulations des anciennes lois : c’est un autre chantier, pas contradictoire avec une nouvelle constitution.

    Le 3 décembre 2018

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