Une démocratie qui marcherait
La soirée électorale de samedi 23 mars, 1er tour des municipales, m’a montré de nouveau à quel point nous sommes perdus, sans repères, sans vision de ce vers quoi nous voudrions aller. Que nous soyons perdus est plutôt logique dans la période de transformation énorme que nous vivons, un véritable changement de civilisation, comme j’en parle dans de nombreux articles. Ce qui n’est pas si logique, c’est que nous vivions cette période de façon aussi triste et déprimée. Dimanche soir, j’ai trouvé un bout d’explication en écoutant ceux qui se sont exprimés sur les plateaux télé nationaux, les « personnes autorisées » comme disait Coluche : politiciens, journalistes, analystes. Ils me sont apparus faux, pas crédibles, jouant toujours la même pièce de théâtre pour des spectateurs lassés.
La forme de démocratie que nous connaissons est sérieusement malade.
Après deux ans de gouvernement socialiste, on ne voit pas, au niveau national, la différence de politique avec le gouvernement précédent UMP ; cette video du Front de gauche de Limoges est particulièrement édifiante sur ce sujet. Les « affaires » des uns et des autres en rajoute une bonne couche pour discréditer le monde politique. De son côté, l’Ifop rapporte que les personnes sondées sont souvent fatalistes : « Mon vote ne changera rien à ma situation personnelle ni à la situation de ma commune ».
En outre, l’historien Olivier Christin pointe des effets subtilement néfastes de notre pratique du vote : « La longue progression de la décision majoritaire et du vote secret, a bien produit des effets spécifiques d’autonomisation d’une sphère de la politique, de formation d’une classe d’agents dont c’est la profession que d’y agir, d’accélération de la construction de la volonté collective, mais aussi d’atomisation des citoyens et de désengagement, de défiance à l’égard de la classe politique et de désillusion, qui ne sont ni incompréhensibles, ni évitables. » Extrait de l’article « le vote sans la démocratie (et inversement) » de Joseph Confavreux.
Ce serait quoi une démocratie qui marcherait ?
- Une nouvelle constitution avec la proportionnelle et des outils empêchant la professionnalisation des élus. Les propositions d’une nouvelle constitution (VIe république) d’EELV pour la présidentielle de 2012 sont très intéressantes (pdf pages 74 et suivantes, 151 et suivantes selon la pagination-livre)
- Des échelons géographiques de vote et de décisions plus petits
- Des débats sérieux sur les grands enjeux
- Du tirage au sort. Voir les travaux passionnants d’Etienne Chouard
- Dans nos organisations, des élections sans candidats : sociocratie
- Une éducation différente : à l’autonomie de penser, à la bienveillance et la coopération
- Un niveau de vie décent pour tous, ni scandaleusement faible, ni scandaleusement élevé. Le récent livre « Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous » nous montre que c’est un objectif atteignable, j’en parle dans l’article « Bonne transition ! » . En mars 2014, une étude de la NASA enfonce le clou, elle annonce l’effondrement prochain de notre civilisation pour deux raisons : l’épuisement des ressources et le haut niveau d’inégalités (voir ici).
- Une transparence sur les dépendances économiques et financières des grands acteurs de la vie économique, des médias, des politiques, des institutions… de façon à réduire au maximum ces dépendances
Il est hypocrite de se lamenter sur le taux d’abstention ou de caricaturer l’explication du vote Front national par « la crise » et le « non retour à la croissance » comme j’ai entendu une journaliste-analyste du Monde le faire. Qui croit encore qu’il s’agit d’une crise passagère dont on sortira avec un « retour à la croissance » ? Personne. Prendre les gens pour des idiots aggrave bien sûr la maladie. Et si l’on continue à ne pas poser le bon diagnostic, on ne trouvera pas le bon remède.
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