Nous alléger

Il est devenu clair maintenant qu’on ne reviendra pas à la « vie d’avant ». L’accélération des changements que nous vivons depuis deux ans nous éloigne d’un mode de vie « ancien ». De toutes façons, celui-ci ne pouvait plus tenir écologiquement, socialement, humainement, démocratiquement… Nous, Occidentaux privilégiés, en étions à moitié conscients. Nous voici entrés pleinement dans une période de transition entre la société que nous avons connue et la suivante, entre la civilisation « moderne » et la suivante. Le chaos actuel est plus facile à accepter si nous anticipons un nouveau monde qui correspond à ce que nous désirons.

J’aimerais vous rappeler l’introduction de mon récent livre L’unité, un paradigme pour les temps nouveaux (je publie ici son chapitre d’introduction en pdf). Je vais juste recopier un passage de cette introduction qui présente les issues possibles de cette transition, en lien avec ceux qui les souhaitent : « Une partie des gens considèrent que nous traversons seulement une nouvelle crise du capitalisme, un « mauvais » moment à passer (pas mauvais pour tout le monde). Ceux-ci préconisent des changements qui poursuivent, voire exacerbent, les logiques de notre civilisation finissante en cherchant à renforcer les dominations technologique et financière du monde[1]. Le transhumanisme en est une illustration très claire.
D’autres, inquiets, craignant la nouveauté, essaient de nous tirer vers le passé. Ils font la promotion de rigidités morales, de replis identitaires, estimant que « c’était mieux avant ». Nous assistons à une montée des extrémismes religieux et politiques qu’on aurait crue impensable il y a seulement 30 ans.
Je m’intéresse à une troisième catégorie de personnes qui aspirent au changement : celles qui remettent en cause les fondements de notre modèle économique et social. Celles-ci créent du changement en développant la coopération et le partage plutôt que la compétition, la modération et la sobriété plutôt que l’accaparement et le pillage. Ces personnes cherchent à développer l’être plutôt que l’avoir, le collectif plutôt que l’individualisme… Moins visibles et pourtant foisonnantes, leurs réalisations participent à un véritable changement de civilisation et sont, partout, une « forêt qui pousse en silence
».

Dans cette introduction, je parlais aussi de la nécessité de changer notre vision du monde car la société n’est que le reflet de la façon dont nous voyons le monde. Ce changement est d’abord personnel. Et nous voilà depuis deux ans embarqués dans un bazar quasi mondial qui affecte personnellement chacun de nous ! (même si les impacts sont plus ou moins forts selon les individus). Ce contexte est propice à l’accélération de la transition : chacun peut reconsidérer sa vision du monde, se positionner sur le monde de demain qu’il souhaite et participer à sa mise en place. Au départ, cela peut être seulement par nos pensées et nos émotions, c’est déjà puissant : avoir en tête et dans le coeur un monde de paix, de respect du vivant, de liberté et de joie… aide à le créer. En plus, cette attitude nous pousse à en semer les graines et à le vivre déjà le plus possible, dès qu’on le peut. « Ce nouveau monde est déjà là ! » disent certains et je crois qu’ils ont raison.

A contrario, ne pas porter de vision positive du monde en création et passer son temps à râler et à se plaindre n’aide pas à créer le monde que nous souhaitons. Nous focaliser sur ce qui ne va pas aujourd’hui, craindre ce qui peut arriver, alimente de notre énergie ce dont on ne veut plus. Choisissons attentivement où nous mettons notre énergie car c’est le moment de pousser tous ensemble pour le beau changement que nous désirons.

Ce changement est un peu comme un grand virage (cf le livre de Philippe Guillemant Le grand virage de l’humanité !). Il est plus facile à prendre si nous nous allégeons : on évoluera mieux ! La période actuelle nous fournit des occasions de nous alléger : de croyances périmées, de vieux carcans idéologiques, de beaucoup de choses qui nous paraissent désormais peu utiles au regard de ce qui est maintenant important, voire essentiel, à nos yeux. On se recentre.

Certains, nombreux, sont actuellement confrontés à des « allègements » douloureux (maladies, deuils…), voire à des « allégements » douloureux et imposés comme tous ceux qui se retrouvent sans travail et sans salaire depuis maintenant quatre mois pour avoir refusé le diktat de l’obligation vaccinale dans leurs milieux professionnels. Ils se découvrent et nous les découvrons héroïques, faits d’une étoffe dont on a probablement besoin pour cette grande transition. La solidarité se développe.

L’allègement débouche souvent sur la découverte d’autres richesses, sur un autre regard sur le monde. On en a fichtrement besoin et c’est en cours ! Charles Wright témoigne ainsi de sa transformation dans son livre Le chemin des estives : « la virée au Massif Central m’a enseigné qu’avoir peu de biens procure une paix imperturbable, une tranquillité souveraine, une allégresse continuelle […] Quand on vit dans la nature […], on se rend compte que tout est le fruit d’une générosité, d’une donation. »

La période est à l’allègement et aussi au positionnement de chacun. Avec ce qui se passe en France, chacun de nous doit se positionner, notamment sur le fait de se faire vacciner ou pas, sur la xème dose ou pas, sur le passe sanitaire/vaccinal ou pas… Quelques soient les choix de chacun, il importe à mon avis que ceux-ci soient faits en toute conscience, en nous positionnant justement à l’aulne de nos valeurs et croyances personnelles, à partir des informations que nous privilégions et que nous respections tous ces choix. La situation actuelle nous pousse à la tolérance, au respect de l’autre dans ses différences, à privilégier la qualité de nos relations… Et tout cela participe déjà à la construction de monde de demain que nous désirons.

La vie est en train de nous pousser à la transformation, individuelle et collective. Puissions-nous en avoir conscience et regarder ce qui se passe avec cet angle de vue ! Yallah !

[1] Les changements peuvent néanmoins être de telle ampleur que l’on peut avoir l’impression que l’on ne vivra plus dans le même monde qu’aujourd’hui.


Article présent dans la rubrique Ce qui me passionne, Changement de civilisation, Evolution des consciences.
 
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1 commentaire

  1. Thérèse :

    Je suis complètement d’accord avec ton analyse.
    Merci Geneviève pour ce très beau texte.

    Le 24 janvier 2022

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