Pourquoi autant de bagarres à l’intérieur des partis politiques ?

A l’intérieur d’un parti politique, nous vivons périodiquement des dissensions, des bagarres, des ruptures. Cela existe bien sûr dans d’autres milieux mais, pour ma part, je ne l’avais pas connu ailleurs, que ce soit dans la sphère familiale, amicale, professionnelle, associative. Cela n’a cessé de m’étonner depuis que j’ai adhéré à un parti (EELV) tout comme la petite sphère du monde politique à laquelle j’appartiens, au conseil régional des Pays de la Loire, n’a cessé de m’étonner pour des fonctionnements similaires.

Il me semble désormais comprendre pourquoi les partis politiques connaissent autant de bagarres.

D’abord c’est un milieu où l’on rencontre des personnes avec des egos fort développés, ce qui est assez logique et même bénéfique car dans les échanges avec les autres partenaires et adversaires, il faut pouvoir s’affirmer. Le hic, c’est qu’en interne, plusieurs personnes de ce type ont aussi plus facilement tendance à s’affronter.

Ensuite, le parti politique est un lieu où l’on donne une importance énorme aux idées, aux points de vue, aux convictions… Normalement au sein d’un même parti, les idées concernant l’analyse du monde et les solutions proposées sont proches ; si elles suscitent des débats, ceux-ci ne se transforment pas en bagarres. Par contre, les confrontations autour des stratégies peuvent être terribles et aller jusqu’à occasionner des ruptures.

Ces deux aspects relèvent d’un fonctionnement basé sur un mental hypertrophié au détriment des autres composantes de notre humanité. Comme l’a si bien démontré Eckhart Tolle (j’en parle dans ce blog), l’ego, pour continuer d’exister, crée de la séparation, des oppositions, à tout bout de champ… Et le mental le sert à volonté ! Les opinions, les points de vue, les convictions, sont des fabrications du mental. Elles sont certes utiles et mêmes indispensables mais il importe d’en relativiser l’importance, de se rappeler qu’elles ne sont qu’un tout petit aspect de qui nous sommes. Christian Bobin a même fait le choix de ne pas s’y intéresser. J’en parle ici : « Les opinions ne m’intéressent pas« .

Le mouvement de la Transition a compris le danger de donner une place trop importante au mental. Il travaille sur « la tête, le coeur et les mains ». C’est plus équilibré. Nous avons tous expérimenté le fait de nous trouver à plusieurs à oeuvrer ensemble, dans un mouvement sportif par exemple, autour d’un même objectif concret, et de nous rendre compte que nous pouvions bien nous entendre, collaborer efficacement, parvenir à des résultats, en faisant fi de nos opinions différentes sur un grand nombre de sujets, celles-ci étant considérées comme bien moins importantes que ce qui nous reliait.

Il serait sans doute temps de garder à l’esprit ces expériences concrètes pour transformer la chose politique en quelque chose de plus équilibré, plus humain, plus ouvert et motivant… L’hypertrophie du mental n’est pas seulement caractéristique des partis politiques, on la retrouve aussi aux sources des principaux déséquilibres de notre société occidentales. Elle fonde le réductionnisme, si bien mis en évidence par Mohamed Taleb (ici). C’est d’un profond changement de société qu’il est question finalement.

Article présent dans la rubrique Ce qui me tarabuste, Comment on en est arrivé là, Démocratie en question, Engagements.
 
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