Nos dirigeants ont des cerveaux bien faits pour gérer des systèmes relativement stables

Je suis tombée récemment sur la  lettre de Norbert Marjagnan , un élu socialiste de l’agglomération nantaise qui quitte le PS. Outre son analyse sur le TSCG que je partage, cette lettre  m’aide à comprendre pourquoi il est si difficile pour les politiciens installés de prendre la mesure de l’ampleur de la transformation nécessaire et pourquoi leur moteur principal est de « continuer comme avant, en mieux » (ce sont mes mots).  Je vous livre un extrait de cette lettre :

« Nos dirigeants ont des cerveaux bien faits pour gérer des systèmes relativement stables (la gestion d’une ville par exemple) et pour la conquête du pouvoir, ce qui demande surtout beaucoup de mémoire, une bonne logique et une personnalité égocentrique et solide, mais ils s’avèrent démunis, intellectuellement démunis, pour appréhender des systèmes fluides et complexes qui nécessitent une intelligence globale, intuitive et analytique. Or, la finance moderne est un système fluide et complexe. En fait, les cerveaux qui sont sélectionnés par les organisations, les écoles, les partis, les milieux d’influence, pour gouverner sont parfaitement adaptés pour faire ce que ces structures attendent d’eux : gérer. Pour le reste, la surprise est rare.

Il m’en coûte de le dire, mais le socialisme est aujourd’hui incapable d’apporter une réponse adaptée à la situation économique et financière très grave de nos pays. On ne bâtit pas l’avenir en faisant payer au plus grand nombre les prises de risque spéculatives d’une infime minorité d’actionnaires, en ponctionnant l’économie réelle au seul profit d’une économie financière virtuelle. On ne bâtit rien de sain sur un mensonge ».

Or sur le seul sujet de la finance, nous sommes dans une impasse et, comme le dit Frédéric Lordon, « nous vivons la clôture d’une époque qui s’achève dans l’excès d’endettement généralisé – ménages et banques tout comme les États. Or on ne sort de ce genre d’impasse que par des effacements massifs de dette. » Les dirigeants actuels font tout pour éviter cette solution, préférant appauvrir les peuples pour des années…

D’un point de vue plus général, de nombreux penseurs, historiens, philosophes le disent et je le dis avec eux : nous ne traversons pas une crise, nous arrivons au bout de la logique de la civilisation que nous avons toujours connue, une civilisation basée sur le manque et la compétition. Aujourd’hui, l’humanité, avec tout le vivant, est mise au service des intérêts financiers d’un petit nombre.  Il n’y a pas de « crise » et donc pas de « solution à la crise » comme les partis traditionnels veulent le faire croire. Nous ne reviendrons pas à l’état antérieur, du fait de la pression insupportable que nous exerçons sur la planète, nous sommes condamnés à inventer du vraiment neuf. Et voilà que je comprends que les cerveaux de nos dirigeants sont bien en peine de partager cette façon de voir. Ce qui arrange bien les 1% qui profitent (encore) du système…

Reste à espérer le changement par chacun de nous, les  « petits ruisseaux » commencent à former des rivières : le mouvement des colibris, le pacte civique, Roosevelt 2012, les amaps, etc.

 

Article présent dans la rubrique Ce qui me tarabuste, Comment on en est arrivé là.
 
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2 commentaires

  1. David :

    Super bel éclairage sur les cerveaux qui voudraient nous gouverner

    Le 25 octobre 2012
  2. nathalie :

    Très bonne reflexion! Et belle analyse que je partage à 100%…bravo Geneviève!

    Le 10 mai 2013

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